C’était l’automne, il faisait froid.
Le ciel blanc caressait le sol pétrifié.
Nos souffles fumaient, s’envolant vers les arbres nus.
Il courait du toboggan à la balançoire et avait entrepris en chemin de vider le bac à sable sur le petit train en bois.
Ses joues rougissaient, ses yeux brillaient.
Elle regardait partout cette saison où s’étouffent les sons dans un engourdissement cotonneux.
De droite à gauche, ses yeux ne voulaient rien manquer de son premier automne.
Son petit nez rosi frémissait au son des feuilles qui crissent sous les pas.
Je sentais le froid sur mon visage.
Je savourais le dehors tout en pensant au dedans : là où les joues et les doigts brulent d’avoir été envahis par le froid juste avant de s’enfoncer dans la chaleur.
Je pensais à notre déjeuner, tous les trois : dans cette crêperie où l’on mange du poulet tikka massala (mettez un indien aux commande d’une crêperie et voilà ce qui arrive…).
Je pensais à la sieste qu’ils ne feraient sans doute pas.
Je pensais à ses petites jambes collées aux miennes pour lire la Chèvre de Monsieur Seguin.
Je pensais à son petit corps dans mes bras, à mes gros bisous qui claqueraient sur ces joues charnues. À ses petites mains caressant mon visage.
Je pensais à leurs éclats de rire pour des bêtises ; pour des trucs rien qu’à eux que je ne comprendrais pas.
Je gouttais d’avance la saveur du poulet qui rôtirait pour le dîner. Son odeur envahissant l’appartement.
Les puzzles montés en tirant la langue, les roulades sur le tapis, les câlins, les disputes, la cabane «en chaises» dans leur chambre, le bain moussant dans lequel ils feraient pipi en choeur…
C’était l’automne, il faisait chaud.
Quel joli texte, quelle jolie plume!
Merci c’est très gentil 😉 Ben voilà, je rougis (mais personne ne le voit, et na!)
Très joliment dit Et du coup j’aime encore plus l’automne !
Merci ! Hé oui : il y a de belles journées à vivre en automne 😉