4 novembre 2050 : Mémé, Moche, et Méchante

Fiou ! Novembre, déjà !

Les vacances de la Toussaint ont encore une fois été très remplies ! Du coup elles sont passées vite. Tant mieux.
Je n’ai eu les petits qu’une journée.
Encore tant mieux.
J’avais planifié mon lifting de la cuisse gauche le 28. Mardi. En plein milieu des vacances scolaires : une excuse respectable et incontestable pour ne pas garder les enfants. Hin hin hin ! Balaise.

Il faut dire que nous vivons une époque compliquée. Lorsque mes parents avaient mon âge, leurs petits enfants étaient déjà adolescents. Ils se gardaient tous seuls.
De nos jours, avec l’âge moyen de la première grossesse à 45 ans, me voilà à 67 ans avec la charge d’une descendance de 3 et 6 ans.
Notez : j’avoue mon âge sans honte ni retenue. J’ai 67 ans et j’en fais aisément 15 de moins. Je suis bien dans mon corps et dans ma tête.
Dans ma tête, j’ai toujours été très jeune, de toute manière (voire même, juvénile).
Quant à la jeunesse de mon corps, au prix qu’elle m’a coûté, heureusement que je m’y sens bien. Le résultat est épatant : moi-même j’ai parfois du mal à me reconnaître dans le miroir.
Je trouve que ça valait le coup d’y mettre l’épargne réservée aux études supérieures des enfants. Il faut savoir penser à soi aussi, de temps en temps, en tant que maman. L’égoïsme : ceci n’est pas un gros mot. L’égoïsme, c’est l’avenir. Le mien, du moins.
Et puis comme ça les enfants ont bossé dur, ils se sont faits tous seuls.
À l’américaine.
Comme quoi il n’y a pas besoin d’études pour réussir : des idées, un cerveau, et une bonne paire de couilles. Comme leur maman. Je suis très fière de mes deux PDG d’amour.
Et puis avec le train de vie qu’ils ont, je suis certaine qu’ils ne m’emprunteront jamais d’argent : ils sont bien assez riches. Et moi je suis peinard.
Efficace. Pratique. À la cool.

Les vacances de la Toussaint donc… Quel programme ! Je suis éreintée.
J’avais planifié un peeling des aisselles en première semaine, puis un stage d’accro yoga bikram sur planche de Paddle à Megève.
Encore une fois, j’ai présumé de mes forces. Le résultat était à double tranchant. J’étais aussi revigorée qu’épuisée. Cette expérience à fini de me convaincre d’aller faire ma réduction mammaire : je n’ai plus la charpente pour un 95 E.
J’ai passé mon temps à basculer vers l’avant, je dois constamment réajuster ma posture… J’ai mal aux reins et aux fesses. Même à la caisse du supermarché je dois envoyer ma tête vers l’arrière pour faire contrepoids. C’est devenu ennuyeux bien davantage que sexy.
Je ne sais pas ce que j’avais en tête lorsque j’ai fait cette opération. Monsieur Grain de sel disait qu’il serait bien que j’aie « enfin des grosses loches ». Mon amant de l’époque était également de cet avis. Comme à mon habitude, j’ai voulu satisfaire tout le monde. J’étais jeune, passionnée, fougueuse. Bref, j’avais 52 ans.
Mais j’ai mûri, je suis bien plus sereine aujourd’hui. Je n’ai plus ce besoin exacerbé de séduction et de jeunesse. La jeunesse, elle est avant tout à l’intérieur. D’ailleurs, avec le lavement du colon que je me fais tous les deux jours, je me sens vraiment bien là dedans. J’ai le teint rosi, frais. C’est l’effet bifidus : ça nettoie de l’intérieur, ça se voit de l’extérieur.
Je crois que dorénavant, je m’en tiendrai aux liftings. Non pas que je n’ai plus de rides : elles sont toujours là. Mais soigneusement cachées sous mes cheveux.
Efficace. Passe-partout. Relax.

Parfois on pense qu’Anna et moi sommes sœurs… Bon, peut-être cousines, à la limite (elle a toujours davantage ressemblé à son père).
Oui, Anna…
Longtemps, je l’ai désignée ici comme « Bébé Grain de sel », mais quand elle a eu 37 ans, je me suis dit que je pouvais aussi bien l’appeler par son prénom. C’est un prénom magnifique : c’est moi qui l’ait choisi, et j’ai très bon gout, en général.
Il y a 3 semaines, nous avons déjeuné ensemble. J’ai veillé à manger moins qu’elle, pour rester plus mince qu’elle, plus jeune qu’elle. Enfin moi-même quoi.
Ce qui n’est pas facile, vous savez, parce qu’elle est particulièrement jolie (je fais des enfants magnifiques, c’est un don). Mais enfin elle est encore jeune, pour elle c’est facile. Pour moi c’est de la concentration de tous les instants et beaucoup, beaucoup…. Beaucoup de séjours à la clinique esthétique (j’ai dit beaucoup ?)
Bref, je mange tranquillement ma feuille de salade lorsque je vois mon Anna héler le serveur et lui demander un rab de Martini blanc pour moi (elle connaît mes gouts, cette enfant est adorable !).
« Garçon ! Vous m’en remettez un petit pour ma mère, s’il vous plait ? Avec le citron … Oui un 5e : avec tout ce qu’elle a l’habitude de se jeter derrière la cravate, vous ne croyez pas qu’elle va s’arrêter là !».
Qu’oui-je ???
POUR. MA. MÈRE.
La salle gosse ! J’ai eu envie de la gifler.
Je me suis retenue : la dernière fois elle s’est défendue, la peste, et m’a renvoyé ma baffe. Résultat : j’ai un nœud qui a sauté sous ma perruque et PAF ! Mes pattes d’oies sont réapparues. Depuis, j’essaye d’être plus subtile, parce qu’au prix que ça coûte ces conneries… Et puis elle a une droite à fort impact cette gosse (pour ça, c’est à moi qu’elle ressemble).

Pour la punir, je me suis arrangée pour ne pas garder sa fille pendant les vacances ! Je l’avais prévenue ! Elle avait prévu de partir aux Maldives avec son mari (Gérard ou Claude… je ne sais plus… de toute manière il est mou comme un gland qui aurait passé trop de temps sous la pluie cet homme-là. Invisible).
Enfin ils l’ont bien eu où je pense les tourtereaux, parce que j’ai refusé tout net de garder la morveuse.
D’ailleurs la dernière fois que j’ai emmené la petite pour une manucure, elle m’a ouvertement donné du « Mémé » toute la journée. Et devant tout le monde. À haute et distincte voix. Elle n’a que ce qu’elle mérite. Les enfants de 3 ans sont précoces et impertinents, de nos jours. Ce n’était pas pareil, au XXè siècle. Nous regardions Candy en buvant du Tang et surtout : nous savions la fermer. Mais les temps ont changé, je dois m’y faire…
Et puisque j’étais fâchée contre Anna et Margueritte… Mélanie… Peut-être Mimolette, je ne suis plus très sure. Toujours est-il que le prénom de cette enfant commence par un M… a priori.
Bref, j’étais fâchée contre elles. Alors j’ai décidé d’être fâchée contre le petit Murdoch par la même occasion (Ha mais non c’est le petit qui a un prénom qui commence par un « M » !… Mais alors comment elle s’appelle, l’autre, déjà ? À mon avis, c’est Stéfania, mais je ne saurais être catégorique) (Il faut dire que Murdoch… Quel prénom à la con ! Lorsque mon fils a épousé une écossaise, j’ai été ravie : un digne retour à nos origines… Mais je ne pensais pas que ça irait jusque là…)
Du coup je n’ai gardé les petits que le samedi 1er Novembre. Jour férié : tous les magasins étaient fermés. Comme ça j’étais sure qu’ils n’essaieraient pas de me faire acheter des cadeaux. Ils sont très forts pour ça, les fourbes. Et leurs parents m’engueulent à tous les coups. La dernière fois, j’ai offert un masque gommant anti âge au petit. LE DRAME.
Ils sont d’un snobisme, mon fils et sa Mc Scottish là… Si on ne peut plus gâter ses petits enfants, je ne vois pas à quoi ils servent…

Ha que coucou

Voilà mes amis, Novembre, déjà. 2050 touche enfin à son crépuscule. Plus les années passent, plus je deviens jeune et élastique (oui, élastique). C’est surprenant, l’effet du temps.
Il y a 30 ans, tout le monde me voyait comme cette jeune femme fraiche, gentille et terre-à-terre.
Plus je deviens superficielle, plus je m’éclate. Plus je deviens méchante, plus je rajeunis. Le tout c’est de rester fidèle à ses valeurs fondamentales. Le socle solide : l’engagement, le mariage, les enfants, la famille.
Les amants (et amantes) ont eu beau se succéder, M. Grain de Sel et moi sommes toujours restés solidement attachés l’un à l’autre. Il faut dire qu’avec les dix sociétés que nous avons créées et la fortune qui allait avec, il valait mieux rester ensemble. On dira ce qu’on voudra, mais nous sommes dotés d’un solide sens pratique. C’est sans nul doute le secret le plus efficace de notre longévité.
Et cet homme me comprend mieux que personne. Il a su qu’il me fallait ma Ferrari jaune pour ma crise de la soixantaine.
Souvenez-vous : pour mes 30 j’avais eu un déménagement à Brest (c’était mon époque « vie simple et nature »).
Pour mes 40 : la partouze à New York.
Pour mes 50 : les nichons tous neufs (je les avais attendus longtemps ceux-là. Même si je les fais enlever, j’y songerai toujours avec beaucoup de tendresse).
Novembre, déjà : je vois les années passer et je me demande quel caprice mon mari pourra assouvir pour mes 70 ans, qui approchent si vite.

Voilà mes chers lecteurs.
Je vous laisse à présent et risque de me faire plus rare dans les semaines à venir : je me fais refaire les fesses (Il s’agit de chirurgie esthétique. Pas de mon prochain week end au Costa Rica avec Rodrigo et Eduardo). Et après, j’irai me reposer dans notre chalet à Sundance : à mon âge, il faut se ménager.
Mais je pense à vous et vous fais signe dès que je reviens !

Ce billet fiction criant de vérité suit la mouvance d’une poignée de blogueurs ayant imaginé leurs publications de 2050, ces derniers jours. Sur une idée de Juliette, du blog que j’aime tant Je veux un bébé, voici les participations (n’hésitez pas à me dire si je vous ai oublié ou si vous jouez et je mettrai les liens à jour !) :

Ma Cécile et toute sa déscendance, Paf le P.A.F, Aiko katon, AstridM, Cranemou, Crevette d’eau douce, E-zabel, Games of Mômes, Je suis une peste,  Jeveux1bebe, la tribu de Juju, La vie de Selky, Lili aime le nougat, Mamananonyme, Maman@home, Marmots bio, Moi Timothée, PapyCube, Papy Hérisson, Papipanique, Sabine & Associés

EDIT : sur la photo, c’est Annie Lomax, la maman et muse du photographe américain Terry Richardson

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