Les amis, il parait que c’est la rentrée. Alors je fais comme tout le monde : je reviens.
J’ouvre une jolie page toute blanche. Fraiche, pure, vierge. Elle me regarde droit dans les yeux. Elle a l’air de dire : «c’est reparti pour un tour !».
C’est. Reparti. Pour. Un. Tour.
Mouais, mouais, mouais…
Alors je vais te dire, la page blanche : moi, je suis en plein tour (-billon). Je ne sais pas si c’est reparti, si c’est fini, si ça commence, ou si c’est reparti de plus belle…
Quel été de dingue ! Enfin… Comme prévu quoi…
J’ai lâché les rênes du blog parce que, mon pauvre Grain de Sel, je n’avais que des choses bizarres à lui raconter. Je serais venue par ici, jusqu’à ces derniers jours, j’aurais écrit :
«Carton, carton, camion, sciatique, escaliers, ikéa, vis, bouteille de lessive qui a explosé dans un carton avec un sachet de curcuma. Gröjde, Knujt, Bästa… Carton, carton, carton, carton, doigt écrasé entre deux étagères, coup de boule dans la voiture (pas fait exprès hein…), carton, carton… Plage… Sciatique strikes back. Et la lessive au curcuma, c’est dégueulasse. Et ça tâche».
Alors pour faire simple, j’ai consacré mon heure libre quotidienne à aller à la plage, si ça ne dérange personne. Comme ça, à la masse de poussière générée par le déménagement, nous avons pu ajouter des kilos de sable.
Tordant.
Et puis les jours passent, et les gens en parlent, la critiquent, la craignent, tremblent, ou l’appellent «celle qu’il ne faut pas nommer».
La rentrée.
Ben chez les Grain de Sel, c’est pas la rentrée. Pour montrer notre solidarité envers le grand, nous avons décidé de reprendre le même jour que lui.
Mais comme tout le monde parle de rentrée, alors j’ai décidé de me mettre à la page (neuve) et de revenir par ici. Car j’aime faire comme tout le monde (à quelques détails près).
Même si bon… pour moi, ça n’est pas vraiment une rentrée, au sens où nous l’entendons généralement. Ce n’est pas vraiment le début ou la reprise de quelque chose. C’est en fait la suite d’une année qui n’en finit pas d’être bouleversante.
Alors ouais, ouais… c’est la rentrée, et moi, ben je ne peux plus respirer. Oui : j’ai le souffle court. Si on y regarde de plus près, on pourrait même considérer que j’étouffe. À mon avis, je suis tellement occupée que je saute 2 inspirations sur 3. Je le déconseille parce qu’au final, c’est très inconfortable.
Il doit y avoir trop de choses. C’est de la panique déguisée. Déguisée parce que je me crois cool-relax dans mon petit corps. Mais bon… je n’arrive plus à respirer, il faut cesser de se mentir. Trop d’émotions. Des belles, des dures, des qui bloquent la gorge, des qui donnent l’impression qu’on va s’envoler de bonheur. Et moi, j’en oublie de respirer.
Serait-ce parce que j’ai quitté pour toujours l’endroit où j’avais vécu pendant 30 ans ?
Parce que je ne sais pas encore quel jour passe le ramassage des recyclables ?
Parce que Grand Grain de Sel entre dans une nouvelle école ?
Parce que Bébé Grain de Sel arrive chez une nounou aussi bavarde qu’une carpe ?
ou… ou….
Hummmmm….
Parce qu’il y a 4 boulangeries à un kilomètre à la ronde ; qu’on m’a dit qu’il y en avait une qui n’était pas terrible, mais que je ne sais plus laquelle ?
Parce que, pour la première fois depuis 10 ans il n’y a pas de Monoprix à moins de 20 minutes de chez moi ?
Parce que j’ai la flemme de m’épiler mais que ça devient urgent ? (surtout qu’il nous reste potentiellement 5 jours de plage à savourer. Cf. plus haut)
Parce qu’il faut acheter des nouvelles paires de chaussures aux deux enfants. Mais qu’on vient de lâcher à peu près 15 mille dollars dans le déménagement… (et que je me dis, donc, que pieds nus, c’est pas mal non plus… au moins, c’est toujours à la bonne taille, et ça ne s’use pas, au contraire : ça durcit à l’usage)
Ou bien est-ce parce qu’il m’arrive encore de me perdre à l’étage, et de ne pas retrouver ma chambre ? (non, en fait, ça me fait beaucoup rire : ça ne me serait jamais arrivé dans 64 mètres carrés. Les maisons avec étage, en fait, c’est trop drôle).
Alors la rentrée… Oui et non. C’est la suite de l’aventure. Ça rebondit semaine après semaine. Ça fait un an que ça dure. C’est génial. C’est fatiguant. C’est presque devenu une drogue.
Ici, il y a comme une impression d’atterrissage. De pause. Comme lorsqu’on quitte un torrent fou pour naviguer, enfin, sur une douce rivière.
Mais en vrai, nous avons juste posé un pied (là où il y avait un centimètre de sol libre, entre deux montagnes de cartons). Histoire de rebondir une fois de plus. Pour repartir à l’assaut du nouveau, de l’inconnu, du tout qui reste à faire. D’une vie à bâtir tout le temps. D’une vie qui ne pourra s’en prendre qu’à nous-mêmes si elle n’arrive pas là où nous avons la folie de vouloir la porter.
Mais bon, puisqu’il parait que c’est la rentrée… Puisqu’il se dit que c’est frais, neuf, motivant. Alors moi, il ne me reste plus qu’à respirer, sinon je vais m’essouffler…
Cependant que je m’en vais m’adonner à une séance de «respiration-yoga», je vous les souhaite sincèrement :
Excellente rentrée à tous !
Je déteste la rentrée, voilà, j’avais besoin de le dire, merci !
Tas raison, il faut que ça sorte !
Tu décris ton essoufflement avec un style qui ne manque jamais de souffle, alors bravo, et bon courage.
Merci beaucoup 😉
T’inquiète pour demain, je ne suis pas épilée non plus, ne te mets pas la pression!
Et puis là où tu es, tu seras en vacances toute l’année… tu as déjà du bol d’avoir Internet!
Hahaha ! J’étais sure que t’allais me laisser un commentaire de ce genre ! Ouais m’en parle pas, j’ai même l’eau courante et le chauffage !
Ca marche fort chez à peu près tout le monde en ces jours de rentrée – jour de sortie pour nous, nous rentrons de la plage.
Quel charmant blog j’ai découvert en vous lisant ! Du coup je me suis abonnée et je ne le regrette pas. Bonne rentrée !
PS : forte d’une quinzaine de déménagements entre 16 et 67 ans, je compatis à vos soucis… et à votre nouvelle adaptation !
Merci beaucoup ! Oui, les déménagements, c’est toujours pénible, ne nous mentons pas… Mais j’avoue que cette fois-ci je suis encore plus heureuse que la dernière fois !
Mais comment as-tu pu mettre la lessive et le curcuma dans le même carton ? Ou alors c’était le carton fourre-tout de dernière minute ? (ça veut dire que vous consommez du curcuma tous les jours ? moi jamais !)
BREF
C’est essoufflant mais aussi tellement excitant ce nouveau quotidien qui se dessine… tu me donnerais presque des envies de déménagement (le fait qu’on ait pas fini de vider les cartons d’il y a 4 ans suffit à me retenir, ceci dit).
Moi aussi j’avais trouvé ça rigolo qu’on puisse être chacun dans une pièce différente sans entendre ce que faisait l’autre (on est passé de 49 à 120 m² avec Mr Sioux, à l’époque…), cette impression de s’y perdre et de ne savoir que faire de toutes ces pièces (maintenant, on ne se pose plus la question, on en chercherait plutôt une supplémentaire !) (raison pour laquelle là, comme tu vois, je suis en plein tri… et je fais une pause en passant chez toi).
Allez, des bisous !!!
Oui, nous consommons beaucoup de curcuma (et de lessive) (sauf qu’on préfère ne pas DU TOUT les mélanger). Voilà, tu connais mon secret…
C’est pour ça que ton billet d’hier m’a tant rappelé de choses ! J’ai fait un gros tri dans les affaires de bébé, notamment. Vendue la première poussette combo, les transats… Mais j’ai rangé très soigneusement le berceau, quand même (on ne se refait pas ;-))
Ça a l’air d’être une chouette rentrée quand même…
Moi j’en veux pas de la mienne, mais comme une bonne nouvelle s’annoncera peut-être avec elle, j’y vais. Et puis de toute façon, il pleut.
T’as raison. Il va faire de plus en plus moche alors autant bosser hein ! Mais quelle sera cette bonne nouvelle ??? Je te la souhaite en tout cas, même sans savoir 😉
bon j’avais pas tout suivi mais vous avez donc tout changé! Ce n’est pas une rentrée c’est une nouvelle vie que je vous souhaite très belle! Et très bon choix, j’adore la Bretagne, je voudrais y vivre aussi.
Oui… oui oui oui, c’est bien ça. Ya que le mari et les enfants qui n’ont pas changé (j’ai quand même vérifié avant de te l’affirmer)