Mes chers 20 ans, ça y est : je vous dis au revoir.
En abordant la question des 30 ans autour de moi depuis quelques temps (un tout petit peu, pas tant que ça… mais à intervalles très réguliers, tout de même), j’ai entendu beaucoup de choses.
Les gens pour qui c’est important. Les gens que ça déprime, ceux que ça laisse indifférents. Les «29, 30, 33, tout ça c’est pareil, ça ne m’a rien fait du tout». Les «ma vingtaine a été tellement pourrie que je ne peux qu’attendre une amélioration dans la trentaine – sinon j’me pends»…
Les «j’ai tout eu, tout connu, tout vécu… Que me restera-t-il à vivre à 30, 35, 40 ?..».
Hé bien moi, mes chers 20 ans, ça me fait quelque chose de vous quitter. La peur est partie. La nostalgie restera un peu : douce, par vagues, comme une jolie musique. Pour me rappeler toujours un temps disparu.
Mais surtout, mes 20 ans, vous m’avez tout donné. Il est donc normal que ce soit l’émotion qui prime à l’heure ou je vous fais mes adieux.
Mes 20 ans, vous étiez beaux. Vous m’alliez bien. Vous m’avez faite.
Pendant dix ans, nous avons ri, nous avons pleuré, nous avons eu le coeur brisé. Il gardera toujours les cicatrices de ce qui a été perdu ; et chaque jour, durant quelques minutes, il s’emballe un peu de repenser à la douleur de ce qu’on ne pourra jamais faire revenir. C’est devenu presque agréable, pour lui, de souffrir encore : comme si finalement, le chagrin rendait éternels ceux qui ne le sont pas.
Mes 20 ans, avec vous, je suis devenue ce que suis. Ce que je devais être. Avons-nous eu de la chance ? Ai-je un talent particulier pour obtenir tout ce que je veux ?
C’est sans doute un peu des deux, vous ne croyez pas ? (mais surtout, beaucoup de chance)
En vous célébrant, il y a dix ans, je ne ressentais pas toutes ces choses qui m’animent aujourd’hui. De 19 à 20, j’avais conscience d’entrer dans une décennie magnifique et pleine de promesses. J’avais le monde entre les mains. J’étais une terre en friche, prête à révéler enfin tout le fruit de 20 années de préparation.
Non, aujourd’hui, je ne me sens pas différente d’hier. C’est vrai.
Mais 25, 29 ou 30, non, pour moi, ça n’est pas pareil.
Aujourd’hui je repense à mon anniversaire, pour mes 20 ans. Et j’ai envie de saluer cette jeune fille qui, en ce jour férié de 2003 (oui, mon anniversaire tombe souvent dans les ponts de mai, c’est chouette), avait célébré son vingtième anniversaire au restaurant avec sa mère. Avait commandé un kir royal qui lui avait fait tourné la tête… J’ai envie de la féliciter, de la serrer dans mes bras. De lui dire merci. De lui dire : « tu vas voir, ça va être tellement énorme que tu en aurais le tournis si tu savais… ».
À l’époque je sortais tout juste de l’adolescence et de toutes ses zones d’ombre, je commençais seulement à comprendre que je pouvais être bien dans ma peau, heureuse. Que je pouvais faire des choses bien de ma vie.
Aujourd’hui j’ai envie de te dire, ma petite Grain de sel : cette dizaine a été merveilleuse. N’en oublie rien. Chéris-là. N’écoute pas ceux qui te disent qu’il n’y a pas de quoi «en faire tout un plat». Il y a de quoi en faire tout un plat.
J’ai réalisé tout ce que j’attendais de la vingtaine. J’en ai demandé beaucoup à mes 20 ans. Parfois je croyais même en exiger trop. Finalement, ils m’ont donné plus que ce que je croyais pouvoir obtenir.
Mes 30 ans, c’est la fin d’une vie, le début d’une autre, riche des fruits magnifiques de la précédente. Je pars. Je reprends à zéro. Je me reprends à zéro. Je garde tout… enfin, le meilleur, ce qui m’est indispensable. Et j’explore ce que je ne connais pas. Ce qui est prometteur mais qui fait peur. Je fais des folies.
Je débute, je grandis. Je rajeunis. On m’a dit aussi «30 ans c’est le bel âge». C’est ce que je pense aussi. La jeunesse, c’est maintenant. La vie est là, belle, riche.
Mes 20 ans, je vous quitte le coeur gonflé de joie. La gorge serrée par l’émotion. J’espère qu’il me restera toujours un peu (beaucoup, même) de vous.
Ce soir, lorsqu’entourée des miens je boirai à ma santé, j’aurai une petite pensée pour vous et tout ce que vous avez été. Et je tournerai mon regard vers mes 30 ans. Pour que, dans dix ans, lorsque tinteront les coupes pour mes 40 ans, je puisse dire, comme aujourd’hui : «ces dix dernières années ont été magnifiques».
Mes 20 ans, adieu. Mes 30 ans sont là et je suis impatiente de les découvrir.
Bienvenue parmi nous Marie 🙂
Billet plein d’émotion et d’inspiration. Tu me renvoies à moi-même, je n’avais pas vu cela ainsi. Je suis de celles qui disent que ça ne change pas grand chose mais à te lire, je me dis oui, c’est vrai « Mes 20 ans, avec vous, je suis devenue ce que suis. Ce que je devais être. » Ce sont les années ou souvent l’on pose certains choix importants, où l’on apprend à s’aimer, à s’affirmer, à mieux se connaitre… c’est la fondation pour ces belles années à venir.
Maintenant que j’ai passé le cap des 30, je me sens plus sereine tout en ayant l’envie de construire, de découvrir, de bouger… j’apprécie la vie différemment, je l’apprécie mieux, dans toute sa beauté et je ne la prends plus pour acquise.
Alors, Marie, je te souhaite une année (une décennie même!) riche en révélations, en surprises, en fous rires (surtout vis-à-vis de soi même)… Accueille tes 30 ans à bras ouverts parce qu’ils ont tant à offrir 🙂
Bon Anniversaire!
Merci beaucoup Eloïse, pour ce beau commentaire et ces vœux qui me touchent beaucoup ! Je retrouve ma façon de voir les choses dans ce que tu dis. Il ne tient qu’à nous de faire de chaque âge celui de la jeunesse et des belles choses 😉 plein de bises !
My Pleasure 🙂
bises & bon weekend
Bienvenue !
Tu as raison, la vingtaine, ce n’était pas rien. Si j’avais su tout ce qui m’attendait ! Je ne savais pas a quel je serais toujours la même et à la fois tellement une autre…
C’est un bien joli billet en tout cas.
Oui c’est exactement ça !!! Merci beaucoup, c’est un billet qui me tenait à cœur 😉
bon anniversaire Marie. Tu verras les 30 ans on s’y fait vite. trop vite, je vais avoir 35 ans en juillet et j’ai l’impression que j’ai fêté mes 20 ans, l’année dernière. 😉
Très beau billet!
Oui finalement, plus on vieilli, moins on arrive à croire que nos 20 ans n’étaient pas hier 😉 35 c’est le bel âge : maintenant je trouve ça super jeune, forcément… 😉 merci pour ton comm !
Joli anniversaire, pour un très joli billet 🙂 Je bois à ta santé aussi. Je suis quadra, et j’y suis bien. les années sont ce que nous en faisons, non?
prends soin de toi
Je suis tellement d’accord avec toi !!! Tchin Tchin à toi et aux 40, aux 30, aux 80… Si on vieillit c’est aussi parce qu’on a la chance d’être toujours en vie, n’est-ce pas 😉 merci beaucoup !
C’est pire pour moi : bientôt 2 fois 20 ans… pour ne pas dire 40.
Rien vu passer non plus.
Terrible. Mais chouette aussi !
Bon anniv à toi ! Et bravo.
Bon, allez, je me permets, parce que vraiment, mon article (qui date d’il y a quelques semaines) fait vraiment écho au tien : http://4enfants2bras.over-blog.com/article-est-ce-une-bonne-idee-de-realiser-que-10-mois-et-demi-on-aura-40-ans-116279950.html
(tu peux le virer si tu veux, bien sûr !)
Non arrête ! J’adore quand les billets se font échos, tu as raison de me mettre le lien. Surtout qu’en ce moment j’ai du mal à suivre les blogs parce que je suis en vacances. Je vais le lire, je t’en dirai des nouvelles 😉 merci beaucoup ! Les 40 c’est le bel âge (si on se dit que tous les âges sont « le bel âge », on en fera de beaux âges… ouais j’ai 30 ans, je m’autorise un peu de philo …)
En te lisant, j’ai eu le coeur serré de ne pas avoir pris le temps de les remercier comme tu l’as fait… C’est très beau !
Merci beaucoup 😉
Quand j’ai eu trente ans j’ai réalisé que ça y était, je connaissais ma meilleure amie depuis plus longtemps que le temps passé avant de la rencontrer, (oui réfléchis tu vas voir ça a un sens)
Je serai toujours un pas devant toi (bah oui je suis ton aînée – dis-le c’est marrant – t’avais qu’à pas sauter une classe ! ah bah c’est con ce que je dis si tu n’avais pas sauté de classe t’aurais été en 3ème quand je suis entrée en 2nde et on ne se serait pas connues) je te dirai quand les décennies commenceront à faire mal 😉
Belle trentaine donc ! la vingtaine c’était la liberté fofolle au début et les marmots hurlant à la fin, disons que la trentaine sera les zouzous mignons au début et la préadolescence de l’aîné – c’est moins marrant et je ne parle que de prononciation – à la fin… et toi ! toi, toujours belle, toujours au top, toujours confiante, qui flipperas de la quarantaine en guettant ses rides et ses cheveux blancs.
Meilleurs voeux pour tes trente ans. Vraiment 🙂
Merci !!! Hé oui, on se connait depuis plus longtemps qu’avant (je n’arrive pas à trouver la bonne tournure). Faut-il en déduire que plus on vieilli, plus les gens qui restent sont ceux qui comptent le plus ? (oui).
Je pense commencer ma crise de la quarantaine à 35 ans. Comme ça je fais le tour de la question jusqu’à mes 39. Et je pourrai donc fêter sereinement mes 40. Tu m’en es témoin, mon ainé (haha).
Bisous et encore merci beaucoup !
Jai fait une depression l’anne de mes 30 ans…comme si je vieillissait d’un coup de passer de 2 à 3. Pourtant la trentaine m’a apporté que du bon, plus stable, plus damour propre, plus sage, plus heureuse
C’est pas rien comme changement ! La peur de vieillir est bien là, je m’en rends compte. Ça a été dur, il m’a fallu deux ans pour digérer (d’où l’intérêt de faire ma « crise » à 28 ans, comme ça je suis contente, aujourd’hui !). Merci d’être passée 😉
Ton billet est touchant et me fait réfléchir sur ma propre expérience de la vingtaine. Je me rends compte qu’en fêtant mes 30 ans, je n’ai pas vraiment salué ma vingtaine comme toi. Peut-être parce que cette dizaine ne m’a pas tant apporté, n’a pas été aussi riche que ça… peut-être parce que je n’ai pas encore le sentiment d’avoir accompli tout ce que je voudrais. Les 30 ans sont vraiment dans la continuité. Je me dis souvent que je commence seulement à « récolter ce que j’ai semé ». Mais je mets une option pour dresser ce genre de bilan le jour de mes 40 ans (et à ce moment-là je le ferai sur les 20 dernières années) 😉
Oui c’est très perso comme billet finalement. Je sais que ça peut faire écho chez certaines (ou certains) et que c’est différents chez d’autres. Ce que j’ai ressenti à 30 ans, d’autres l’ont peut-être vécu au moment de souffler le 25 bougies, d’autres plutôt leurs 35 😉
En tout cas, ce qui ne change pas, c’est qu’on m’a rarement dit que ça ne faisait aucun effet de changer de dizaine !
Ok pour tes 40 ans 😉 Il faudra que tu changes le titre de ton blog ? Non remarques… à 40 ans on aura « 30 ans ou presque » (mince ! ton titre de blog est HYPER intelligent finalement !)
Superbe post Marie 🙂 Moi mes 30 ans c’est en octobre ^^ Il faut que je prenne le temps de penser à ce que m’a apporté cette dizaine…
Ça peut faire du bien de se pencher dessus oui : on se rend compte qu’on en a fait, des choses !!! (et qu’il en reste tellement à faire, c’est génial !)