Entreprendre : bilan et leçons

Les amis, nous y sommes : dans quelques semaines, je clos le troisième exercice comptable de mon entreprise.
Je clos au 30 septembre et du coup, ce 9e mois de l’année est toujours très spécial pour moi.
Un mois ambivalent : celui des renouveaux et des naissances, comme je vous le disais il y a quelques jours. Le mois où j’ai commencé ma vie à Brest, et la même année, celui où j’ai créé ma première entreprise. C’est aussi le mois de naissance de ce blog, il y a quatre ans. Un mois d’anniversaires très importants et chers à mon coeur.

Et septembre est donc, aussi, un mois de bilan. Ce qui est fait est fait, et il n’y aura pas davantage pour cette année : tout ce que je pourrais vendre à présent serait facturé sur l’exercice suivant, de toute manière.

C’est très spécial, le bilan : ce pont entre ce qui est accompli et ce qui va suivre. Le bilan, donc, peut autant être l’état des lieux de mon entreprise, que le moment grave et solennel de la réponse à cette question cruciale : est-ce que je continue ou est-ce que j’arrête ?
Hé oui : le bilan, c’est aussi un exercice technique, comptable, qui permet d’avoir, jusque dans les moindres détails, les paramètres qui vont me permettre de savoir si mon entreprise peut continuer à vivre. Ou pas.

Et à l’heure où je vous écris, voyez-vous : je suis la seule personne à connaître la réponse à cette question. Ma comptable n’aura mes comptes que dans quelques semaines, après la date de clôture. Mais moi je sais si, passé le 30 septembre 2016, je pourrai continuer mon chemin ou si je devrai appuyer sur le bouton « OFF ». Et faire autre chose de ma vie.
J’aurais pu vous donner cette information en avant première. Mais à la place, j’ai eu envie de partager davantage ce que c’est : être entrepreneure. Parce que même si je dois fermer boutique un jour, je sais que l’important, c’est la richesse du parcours ; et que la date butoir, la décision, le bilan, n’en sont que des composantes parmi d’autres.

À vous qui me lisez et qui êtes intrigués par la vie d’entrepreneur (parce que c’est votre vie, parce qu’elle vous tente, ou même parce qu’elle vous intrigue, et puis c’est tout) : j’ai envie de vous proposer mes conseils à moi, en la matière.
Ceux-là, je ne les ai pas entendus (comme ici, par exemple). Mieux : je les ai vécus, je les vis encore, et ils sont les conseils que j’aimerais entendre si je débutais dans l’entrepreneuriat aujourd’hui.

Je vous délivrerai mes conseils les uns après les autres, dans les semaines qui viennent, et jusqu’à l’heure du bilan. Début octobre, je pourrai enfin vous dire si officiellement, mon entreprise est viable ou si je dois mettre fin à cette aventure.
(Ha vous ne saviez pas ? Je suis la reine du teasing, aussi).

Entreprendre, c’est faire ses preuves. Oui, mais à qui ?

Voilà le premier conseil que j’ai eu envie de partager concernant la création d’entreprise.

Je crois que l’entrepreneuriat, en soi, est une expérience dans laquelle nous sommes amenés, chaque jour, à prouver que oui : nous pouvons le faire. « Faire nos preuves » n’est que rarement la motivation qui était à l’origine du projet ; je dirais plutôt qu’elle en est l’un des effets secondaires.

Faire ses preuves, d’accord. Mais notez que j’ai rajouté : « Oui, mais à qui ? ».

S’il est une personne sur terre à qui vous avez quelque chose à prouver, c’est vous.

Cela vaut pour l’entrepreneuriat mais aussi pour la vie en général, à mon avis.
Lorsque l’on crée, lorsque l’on prend des risques, lorsque l’on ose, en fait, ce n’est pas pour prouver quelque chose aux autres. Si vous le faites pour prouver quelque chose aux autres, ne le faites pas. Ou changez très vite d’état d’esprit.

C’est à vous que vous avez à prouver que vous êtes capable de créer de la réussite.
Personne n’est aussi persuadé que vous l’êtes de votre incapacité. Personne ne doute aussi bien que vous de vous-même. Oui, bien sûr, vous en rencontrerez, des gens qui douteront de vous (hé oui).
Mais la seule fois où le doute a vraiment le potentiel de porter préjudice à votre projet : c’est quand c’est de vous qu’il vient, ce doute.

En d’autres termes : personne n’est aussi bien placé que vous pour vous faire échouer dans tout projet que vous pourriez entreprendre.
Mais tout va bien : puisque personne au monde ne doit savoir mieux que vous à quel point vous avez de l’or entre les mains. C’est donc à vous que vous aurez à le prouver.

Ils avaient l’air tellement sûrs que moi.

Moi par exemple, j’ai fini par trouver bizarre la manière dont tout le monde avait l’air de s’attendre à ce que je réussisse dans la vie.
« Ben ça se voit que c’est pas vous qui y êtes hein ! », j’avais envie de leur balancer à la figure.
Et puis un jour j’ai trouvé ça dommage, tout de même, d’être celle qui croyait le moins en moi.
N’ayez crainte : il y a AUSSI des gens qui me voient aller droit dans le mur. Mais le problème est le même. Et la réponse aussi, est la même : on s’en fout !
Qui est-ce qui se lève chaque matin pour bâtir votre projet ?
Qui se bat contre les obstacles ?
Qui doit rebondir après un coup dur ?
Qui récolte les bénéfices de votre réussite ?
Vous. Vous. Vous.
Et puis vous et encore vous.
Si entreprendre est affaire de preuve pour vous : faites-le pour vous prouver à vous-même combien vous êtes taillé(e)s pour la réussite. Chaque jour, chaque mois, chaque année : faite de votre vie cette expérience dans laquelle vous vous confrontez en permanence à l’inestimable capacité que vous avez à tout déchirer.

Il y a une phrase du coach John Rushton qui circule beaucoup sur Internet, et elle traduit exactement ce que je souhaite vous dire : « Be everything for everybody, and you’ll be nothing for yourself » (« Soyez tout pour tout le monde, et vous ne serez rien pour vous-même »).

Moi ce que je vous propose, c’est : soyez tout pour vous-même, et vous serez quelqu’un, quoi qu’il arrive.

Faites-le pour vous.

Créer une entreprise est quelque chose que vous avez décidé de faire pour apporter quelque chose, changer quelque chose, améliorer le monde, la vie, etc. C’est donc quelque chose que vous faites avant tout pour vous-même : parce que c’est important pour vous de retrousser vos manches chaque jour afin d’apporter votre valeur en ce vaste monde.

Alors, puisque vous n’aurez plus rien à prouver aux autres, pensez avant tout à vous-même, dans toute décision.
Par exemple, un contrat qui en met plein la vue est une aubaine uniquement si c’est à vous qu’il en met plein la vue.
Quel intérêt auriez-vous à vendre quelque chose en laquelle vous ne croyez pas vraiment, uniquement parce que « ça fait chic » vue de l’extérieur ?
Vous faites davantage de mal que de bien à votre projet en cherchant à prouver des choses aux autres : parce que si ce n’est pas VOTRE corde sensible qui vibre, alors vous vibrez faux. Peut-être juste un tout petit peu faux. Mais une toute petite fausse note, ajoutée à 100 autres « petites » fausses notes risque de créer une cacophonie dans laquelle vous finiriez par ne plus aimer ce que vous faites, ni ce que vous êtes, dans votre projet.

Peu importe les preuves que vous faites si ce sont les mauvaises preuves, faites aux mauvaises personnes.
Dans l’entrepreneuriat, le plus important ce sont les personnes qui portent le projet. Point. Vous vous devez de croire en vous davantage que le reste du monde. Croyez en vous lorsque que votre projet fonctionne. Et surtout : croyez en vous plus que jamais lorsque tout se complique et que vous avez l’impression de piétiner, voire même d’échouer. Parce tout prend vie et tout s’arrête avec vous.
Et vous savez que vous pouvez réussir. Prenez plaisir à vous en fournir la preuve chaque jour, et faites de l’entrepreneuriat ce qu’il devrait être, à mon avis : une expérience fascinante, un jeu, une aventure unique qui ne ressemblera qu’à vous, et qui ne sera possible qu’à travers vous.

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9 Comments

  1. Bons anniversaires, Marie (la formule plurielle est rare pour une seule et même personne).
    Ton article est une suite de vérités qu’il est excellent de rappeler. Pour toi, déjà, et pour les autres en second lieu.

    Citation : « S’il est une personne sur terre à qui vous avez quelque chose à prouver, c’est vous. »
    C’est la sagesse même ! J’allais dire « l’évidence » mais non, ce n’est pas une évidence, du moins pas tout de suite.
    De l’autre côté de soi-même, c’est encore soi-même dit Pierre Monnier.
    Sois ! Sois … simplement. Ici et maintenant puisque seul l’instant présent existe. Et tout ira comme il faut. Mais je vois que tu l’as compris et je m’en réjouis pour toi.

    JiPé

  2. Rae

    Thanks for the insight.

  3. Rae

    Love reading your articles. Rae xx

  4. Entièrement d’accord avec toi!
    Nous sommes la seule personne derrière notre entreprise alors pour que les autres croient en notre projet, il faut d’abord que l’on croit en nous-même sinon on fonce tout droit vers un mur sans la foi!

    • Marie Grain de Sel

      Oui c’est très vrai ! Et puis : plus nous croyons en ce que nous faisons et plus nous nous investissons, plus les gens autour de nous y croient aussi. C’est un cercle vicieux. Tout part de nous 😉

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